Gilles Auroux
Les enfants de la mer
“Les enfants de la mer» a pour vocation de plonger le visiteur dans l’univers fascinant et souvent méconnu du peuple Bajao Laut, nomades des mers tropicales de l’Asie du Sud-Est.
Également connus sous le nom de « gitans des mers », les Bajao Laut ont depuis toujours adopté un mode de vie intimement lié à leur environnement aquatique, et leurs pratiques reflètent une connaissance approfondie de l’océan dont ils tirent leur subsistance, principalement au travers de la pêche sous-marine ou de la collecte de coquillages.
Leur connexion avec le monde marin est telle que des études scientifiques récentes ont démontrés chez les Bajao Laut une mutation génétique apparue au fil des générations, se traduisant par un accroissement de la taille de la rate qui leur permettrait ainsi de produire plus de globules rouges afin d’oxygéner le sang et qui expliquerait leurs incroyables capacités d’apnée.
Cependant, la modernisation, la surexploitation des ressources et le changement climatique menacent aujourd’hui leur existence et leur culture. La récente pandémie de Covid a encore accentué leur sédentarisation, souvent au cœur de cités lacustres insalubres, et leur mode de vie traditionnel sera inexorablement amené à disparaitre dans les prochaines décennies.
Cette exposition constitue un témoignage de ce mode de vie « entre deux mondes », celui de la surface et celui du dessous bien sûr, mais également de cet instant charnière auquel les Bajao Laut sont confrontés, ce point de bascule entre un mode de vie traditionnel bientôt rattrapé par le monde moderne.
Ces photos vous invitent à explorer un monde où la mer et l'homme coexistent et ont vocation à susciter une réflexion sur l'importance de préserver non seulement les modes de vie ancestraux, mais aussi l'intégrité de nos océans, tout en célébrant la richesse culturelle des peuples autochtones.
Le photographe
Pour autant que je me souvienne, la surface des océans a toujours exercé sur moi une étrange fascination, comme un appel irrépressible à découvrir le monde inconnu et mystérieux qui se cache en dessous.
La pratique de la plongée sous-marine était évidente, puis très vite vint le désir de documenter ces incroyables paysages sous-marins et les incroyables créatures que nous y rencontrons, la nécessité de partager toute cette beauté avec « ceux à la surface », de leur faire aimer et protéger cet univers très spécial que la plupart du temps ils ignorent, et parfois même ils craignent.
Contrairement à la photographie animalière terrestre où un téléobjectif est le plus souvent utilisé, la contrainte physique de l'environnement subaquatique nécessite de photographier très près de nos sujets. J'utilise principalement un objectif fisheye de 15 mm, travaillant à peine à quelques dizaines de centimètres des animaux, du moins quand ils acceptent cette interaction...
Aujourd'hui contributeur régulier au magazine sous-marin français Subaqua, je photographie principalement la faune marine pélagique, avec une affection particulière pour le grand incompris et mal aimé de nos océans: les requins.
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